Mot du directeur
Dans une démarche correspondant aux attentes de la société vis- à-vis de ses médecins et intégrant le rôle social de la faculté, le Département de Médecine Générale (DMG) de Montpellier-Nîmes, s’est donné pour mission de former des professionnels de santé capables de répondre aux demandes et besoins des patients en soins premiers sur les territoires.
Après le développement d’une pédagogie par objectifs, à la mise en place du D.E.S de Médecine Générale en 2004, le choix d’un apprentissage avec une approche par compétences est apparu évident pour la formation de professionnels spécialisés en soins primaires. La compétence au sens de savoir agir complexe prenant appui sur la mobilisation et la combinaison de ressources internes et externes pour répondre à un ensemble de situations professionnelles.
Cette notion de compétence reposait jusqu’alors sur la confiance en l’université (garante des savoirs), sur la longueur des études et sur la confiance aux différents pouvoirs institutionnels. Elle est actuellement remise en cause ; dans le même temps les pratiques des médecins commencent à être évaluées selon des procédures de qualité et de performance, avec le ROSP notamment. La certification de la compétence à exercer en fin de D.E.S, liée à la publication du référentiel métier, est une des réponses à la question fondamentale de la qualité des soins.
Le troisième cycle des études médicales, associant un enseignement pratique au travers des stages, notamment en ambulatoire, et des enseignements théoriques, est le moment de la professionnalisation des internes pour qu’ils deviennent des professionnels compétents et performants, autonomes et réflexifs, dont la population dans les territoires a besoin. La structuration du DMG en pôles a permis d’en mieux définir les contours.
La loi HPST inscrit clairement les missions du généraliste dans le code de la santé publique et notamment celle de la formation des internes. C’est pourquoi cette démarche est particulièrement importante. Pour ce faire, à partir des missions définies par la loi, il est logique et essentiel de commencer par répondre aux questions fondamentales en la matière :
Quel type de professionnel médecin généraliste veut-on former ?
Quels problèmes de santé doit-il savoir résoudre ?
Quelles compétences doit-il développer pour assumer ses fonctions ?
Comment les jeunes professionnels, formés à la médecine de premier niveau, seront-ils capables de s’insérer rapidement dans le système de soins en intégrant une démarche qualité, les contraintes médico économiques et l’interdisciplinarité intrinsèques aux soins primaires ?
La réponse à ces questions ne peut être univoque aujourd’hui. Elle nécessite de considérer la diversité et la complexité des situations selon lesquelles ils vont choisir de pratiquer :
Quels territoires (urbains, ruraux, périphérie…),
Quelles modalités d’exercice (libérale, salariée, à l’acte, aux forfaits…),
Quelles organisations (MSP, PSP, centre médicaux, seul…).
Pour répondre à ces exigences, la formation des internes en médecine générale, se doit d’aborder l’évolution de l’offre de soins sous l’angle de « l’innovation organisationnelle » qui est le prochain défi que nous devons relever. Nous devons la concevoir dans une approche concentrique, du territoire, en passant par les parcours de soins, à l’intérieur des maisons et pôles de santé pluri professionnels, avec les professionnels encore isolés, jusqu’à l’approche centrée patient.
Le défi de cette innovation est de conjuguer une approche macro territoriale sans perdre la proximité du soin et l’intégration des professionnels isolés à coté de nouvelles structures pluri professionnelles.
L’inter-professionnalité organisée a un rôle à jouer dans cette conjoncture et nous devons réfléchir aux nouvelles « articulations entre les différents effecteurs du soin ». Comme l’a dit le doyen Dubois –Randé lors du Congrès du CNGE à Grenoble en novembre 2016 : « il faut réussir une synthèse des mondes dans un univers resté cloisonné avec l’intégration de tous les paramédicaux dans les premières années du cursus médical. »
Dans ce contexte la télémédecine aura aussi un rôle à jouer dans cette innovation organisationnelle et son rôle est encore à définir.
Pour répondre à ces défis, le modèle souhaité est celui d’un praticien réflexif, expert de sa discipline, capable de répondre pertinemment aux problèmes de santé multiples et complexes qui se poseront à lui, dans une société en perpétuel mouvement et dans laquelle il va devoir partager les décisions (professionnels de santé, associations de patients…).
C’est pourquoi le DMG de Montpellier-Nîmes, responsable d’une partie de la formation des futurs médecins généralistes, s’implique de façon aussi forte depuis 2006, pour le développement des organisations, dans et avec lesquelles ces derniers vont exercer. Le DMG est engagé avec ses partenaires institutionnels et les professionnels en exercice, dans la mise en place de ces modèles innovants, répondant aux besoins des populations. Ces modèles, plébiscités par la nouvelle génération, sont une des réponses possibles et enthousiasmantes à une meilleure répartition de l’offre de soin sur les territoires. Y ajouter la qualité et la pertinence des soins en tenant compte de l’EBM intégrant les « préférences du patient » et les « circonstances cliniques » est l’autre face du défi.
Enfin, dans la perspective de cette « innovation organisationnelle », le DMG doit renforcer la « recherche en soins premiers » et mettre en place ses conditions de réalisation. Cette recherche en soins premiers que les pouvoirs publics nous demandent aujourd’hui d’intensifier est la valeur ajoutée de cette innovation organisationnelle dont elle va dépendre.
En prévention de ces évolutions, depuis de nombreuses années, le DMG de Montpellier-Nîmes s’est engagé dans la Recherche Qualitative afin de répondre à la production de connaissances nécessaires sur ces organisations, ces processus, sur les comportements en santé et sur la vie des populations atteintes de maladies chroniques. Il a acquis une expertise et reconnaissance dans ce domaine sous l’impulsion de son premier directeur, le Professeur Gérard Bourrel.
La recherche en soins premiers est ainsi un des chantiers ouverts pour la réussite de « l’universitarisation » de la MG. Cette dénomination qui, à ses débuts avait surpris, concernant la médecine générale, doit prendre sa véritable dimension aujourd’hui avec ce qui était le chaînon manquant pour la comprendre : l’innovation organisationnelle.
En conclusion, et pour répondre à toutes ces ambitions, le DMG de Montpellier-Nîmes s’est structuré en pôles à partir desquels un travail thématique est effectué :
– en pédagogie,
- sur les projets de recherche,
– sur le suivi et l’évaluation des internes avec le port folio,
- sur le suivi des stages et des maitres de stages (ambulatoires et hospitaliers),
- sur les innovations organisationnelles.
Pr Michel Amouyal
DUMG Montpellier-Nîmes. Janvier 2017